Avec Une fille, Laura Cahen signe plus qu’un deuxième album. C’est un manifeste. Une affirmation d’elle-même, sans détours, de sa personnalité artistique comme de sa sexualité.
Elle n’a jamais aussi bien chanté, et, surtout, ne s’est jamais aussi bien acontée.

L’album s’ouvre sur l’histoire nocturne hantée de nappes synthétiques de « La Jetée », titre
influencé par le film éponyme de Chris Marker. S’ensuit l’échappée sauvage de « Cavale », l’up tempo de « Désarmée », racontant une « fille du temps mauvais », la ritournelle faussement lo-fi des « Ronces ». Il y a également cet entêtant, puissant coming-out musical qu’est « Dans mon lit ». Puis la ballade synthétique, ensuspension, de « Nuit Forêt » ; un duo avec Yaël Naim tout encordes bucoliques et orientalisantes, « Coquelicot » ; la pop song entre deux eaux de « La Porte », les rythmiques martiales évoquant une Véronique Sanson de « Brume électrique » – inspiré par The Voices de Marjane Satrapi et Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier. « Poussière », lui, convoque aussi bien Les heures sombres de Joe Wright que la série Chernobyl et le film préféré de Laura, La leçon de piano de Jane Campion. Les 30 ans fêtés cette année y sont sans doute pour quelque chose… Après un Nord
explorant le passé, Une fille traduit le présent, revendique avec poésie l’identité homosexuelle et les convictions féministes de la chanteuse française, interrogée par l’actualité des féminicides et des manifestations intolérantes : « je peux avoir du mal à parler de ces sujets, mais, en revanche, plus d’aisance à en faire des chansons ». On le sait, l’intime est le terreau de l’universel, et, en se révélant comme elle le fait aujourd’hui, Laura Cahen parle à toutes et tous.